Un « lab » pour penser et porter collectivement les transformations de l’action publique

Entretien avec Martine Poulin, directrice du Centre Cnam Paris et lauréate de la quatrième édition du Transformateur, spécial « Participation des salariés à la transformation numérique des organisations »

Martine Poulin est ingénieure de recherche au Conservatoire national des arts et métiers. Depuis 2 ans et demi, elle est la directrice du centre Cnam Paris. Lauréate du Transformateur spécial « Participation des salariés à la transformation numérique des organisations », elle a accepté de nous parler de son projet, le Lab’ Cnam Paris.

 

 

Bonjour Martine, et merci d’accepter cet entretien. Tout d’abord, pouvez-vous nous expliquer la naissance de votre projet ?

Je suis praticienne-chercheure dans les domaines de l’orientation, de la formation et du travail, et à ce titre, j’appréhende ma fonction sous le prisme de l’analyse du travail. L’un de mes axes prioritaires est d’accompagner au mieux les personnels dans leur vie professionnelle en facilitant le développement de leurs apprentissages et de leurs compétences en situation de travail.

Le Cnam a récemment conduit un projet de réorganisation appelé « Cnam 2020 » qui a occasionné un changement des missions et des périmètres d’activité de nombreux personnels de l’établissement. Il fallait donc accompagner ce changement organisationnel et managérial, et faciliter l’adaptation des agents à leur nouveau contexte professionnel. Ce besoin a été pris en compte très rapidement par notre direction des ressources humaines.  En effet, certains agents étaient réticents à l’idée des changements annoncés, car le Cnam a connu d’autres périodes de réorganisation et il était difficile de les convaincre, de les faire adhérer à ce nouveau projet.

Si les agents n’adhèrent pas, il faut d’abord comprendre pourquoi. Je me suis dit qu’aborder le sujet par la question du sens du travail pouvait être un levier intéressant pour comprendre ce qui se jouait là.

En concertation avec des managers de ma direction, nous avons commencé par mettre en place des ateliers collectifs de travail, autour des activités plus directement impactées par le projet de réorganisation, à savoir les fonctions d’accueil, d’information, d’orientation et de la scolarité – inscriptions, suivi, diplomation… L’idée était d’entendre ce que les agents disaient de leur métier, de comprendre la façon dont ils appréhendaient leurs pratiques, et de recueillir les représentations qu’ils se faisaient de leur activité dans le futur, en tenant compte du projet de réorganisation. Ces temps de travail ont fait l’objet de formalisations écrites partagées et ont été une occasion de valoriser par la même occasion le travail réel – versus le travail prescrit – des personnels.

A partir de ce qui est ressorti de ces différents ateliers, agréablement surprise par l’enthousiasme des agents à vouloir proposer des actions pour améliorer leur travail et leur qualité de vie au travail, je me suis dit que c’était par la redynamisation des collectifs de travail qu’on pourrait faire quelque chose de constructif et mettre aussi en place notre projet de direction du Cnam Paris.

C’est avec ce cheminement de pensée et d’actions centré sur l’intelligence collective et notre travail de veille que l’idée du Lab’ est née.  Nous l’avions repéré comme pouvant être un bel outil pour fédérer des collectifs autour de problématiques de travail et pour accompagner les changements organisationnels. Néanmoins, un point de vigilance m’interpellait : mettre en place ce Lab’, n’était-ce pas ajouter un dispositif à une somme de procédures déjà existantes ?

Avant de nous lancer, nous avons donc fait un benchmark et sommes allés voir des Labs déjà existants tels que ceux du SGMAP, Pôle Emploi, la 27e Région… et manifestement, ces Labs étaient souvent vécus de manière positive par les personnels les mobilisant. Ces retours d’expériences partagés nous ont aidés à nous lancer.

Nous nous sommes donc lancés dans l’ingénierie de ce projet. Le but que nous nous sommes fixé au départ était modeste : il n’était pas question de résoudre tous les problèmes d’organisation de l’entité, mais simplement d’avoir la possibilité de poser les problèmes collectivement dans un lieu dédié et à un moment donné.

Le LAB’ Cnam Paris a été pensé comme un outil au service de l’accompagnement des pratiques et des compétences professionnelles des acteurs, dans un contexte d’évolutions technologiques, réglementaires, numériques et sociales de l’organisation de travail.

Il vise à offrir aux personnels une expérience sociale riche et apprenante et à mobiliser l’intelligence collective afin de redynamiser des collectifs de travail et traiter ainsi des problématiques du travail quotidien. Le but est de créer un lieu qui constitue tout à la fois :

  • Un lieu d’appui et de résolution des problématiques de travail ;
  • Une émulation d’un réseau d’acteurs internes et externes ;
  • Un renforcement du sentiment d’appartenance et le développement d’ambassadeurs internes ;
  • Un accélérateur de projets ;
  • Un point de départ pour la transformation d’une organisation « bureaucratique » en une organisation « apprenante », favorisant la professionnalisation des acteurs ;
  • Une réponse aux enjeux d’amélioration continue.

Un double objectif est poursuivi : d’une part acculturer les agents à un nouveau mode de travail collaboratif et numérique, et d’autre part les professionnaliser en leur permettant d’enrichir leurs pratiques par l’apprentissage de nouvelles méthodes de travail, selon les besoins identifiés – design sprint, design thinking, méthodes agiles et créatives…

Tous ces éléments seront fondés sur une acculturation au numérique des personnels et sur la construction d’outils visant à soutenir le développement de l’établissement.  Pour ce faire, nous mobilisons différents professionnels – ergonomes, designers, consultants… – et méthodes pour analyser, co-construire, prototyper de nouvelles solutions, pour implémenter et essaimer le fruit de nos travaux.

Cet outil transversal portera sur tous les sujets, collectés par la plateforme numérique créée à cet effet, qui auront été préalablement analysés, qualifiés et sélectionnés par le comité de pilotage. Ils pourront ainsi concerner des questions liées à l’organisation du travail, le management ou l’offre de services proposée aux usagers. Par ailleurs, un comité de projet, assure la mise en œuvre opérationnelle du Lab’ Cnam Paris et se réunit tous les quinze jours.

 

Qu’est-ce qui vous a amenée à proposer ce projet au Transformateur ?

Ma candidature au Transformateur est due à un heureux hasard ! J’avais déjà participé à des stages sur la conduite du changement, la gestion des risques… Mais tout cela m’avait paru insuffisant dans la dynamique collective au travail que je souhaitais impulser avec les personnels. Quand nous avons eu l’idée de lancer ce Lab’, je me suis rapidement tournée vers Google pour faire des recherches sur les colloques et les séminaires qui existaient sur cet objet.

Car il a fallu que je m’acculture moi aussi à cette démarche. Dans la pléthore d’informations recensées, j’ai voulu m’inscrire à une réunion d’information sur les laboratoires d’innovation dans le service public.  Manifestement, je n’avais pas joint la bonne personne, puisque c’est l’équipe du Transformateur qui m’a répondu, et qui m’a encouragée à proposer un dossier de candidature. J’étais à la recherche d’idées, de pistes de travail, et de discussion sur ce projet. Il n’est pas toujours facile de savoir si l’on prend la bonne voie.

 

Qu’avez-vous retenu de votre passage par le Transformateur Numérique ?

Le premier apport du Transformateur, c’est un appui méthodologique. L’intervention d’une sociologue du travail m’a confortée dans mon hypothèse de départ : elle rappelait que la participation des salariés ne pouvait pas se décréter, et qu’elle ne fonctionnait que s’il y avait un sens partagé au sein des collectifs de travail. Les liens entre participation, performance et conditions de travail ne vont pas de soi, et le fait de les avoir travaillés ensemble, en petits groupes, est un réel bénéfice pour le fondement du projet.

Les regards distanciés ont aussi été très porteurs : le fait de parler de son projet à des personnes qui ont des problématiques différentes, mais qui comprennent ce que vous voulez faire, apporte une aide réelle. Nous avons pu mettre en évidence les ressources et les freins, et ainsi faciliter la structuration des différentes étapes du projet, en les questionnant et les réajustant le cas échéant.

Depuis cette participation aux journées du Transformateur, j’ai pu avancer, notamment sur le portage institutionnel de projet de Lab’. J’avais acquis l’appui de la direction et j’ai présenté le projet aux organisations syndicales, qui ont affirmé leur accord sur le principe du projet. Si les représentants du personnel adhèrent à l’esprit du projet, c’est parce qu’il vise non seulement à la fois à améliorer la production au travail, la performance, mais aussi à améliorer la qualité de vie au travail.

 

Quelles sont les suites pour ce projet ?

Ces derniers mois, nous avons poursuivi la dynamique du Lab’ Cnam Paris. Nous avons proposé une première session, à partir de la question de la convention de stage, qui semblait poser problème aux personnels. Cela peut paraître dérisoire, mais derrière la problématique initiale de la convention de stage, se jouent des logiques organisationnelles, managériales, institutionnelles… Nous avons fait émerger ces problématiques en construisant une carte mentale, à partir de la question « Qu’est-ce qu’une convention de stage ? »… Je n’aurais pas imaginé qu’elle puisse être aussi riche ! Nous avons alors pu redéfinir l’ensemble du process lié à la convention de stage. A partir d’un problème pratique et clairement identifiable, nous avons donc discuté de problématiques plus générales. Mais l’idée n’était pas de tout résoudre tout de suite, même si nous avions bien avancé. Le but, c’est de poser ensemble les problématiques et de prendre l’habitude de les discuter et de les traiter collectivement.

Cette première session nous a aussi permis de consolider la méthodologie. Nous avons travaillé à partir d’une plateforme collaborative, ce qui est un véritable changement pour beaucoup d’entre nous, au Cnam. Et nous en avons profité pour formaliser des documents tels qu’une charte et des principes de fonctionnement.

Nous sommes conscients qu’un Lab’ par définition n’est pas pérenne et que sa durée d’existence est de deux à trois ans. A ce stade, notre objectif est d’en tirer les bénéfices positifs et ressourçants, à la fois du point de vue de l’entité que du point de vue des acteurs qui la composent. Ce Lab’ initie une démarche ; les personnels participent collégialement et collectivement à des résolutions de problématiques de travail et en sont ressortis ravis. Et c’est déjà pour moi une belle réussite.

A terme, ce lieu deviendra un lieu plus ouvert, où chacun pourra organiser des sessions de manière plus autonome. Si l’acculturation des personnels sur cette nouvelle manière de travailler réussit, ces sessions n’auront plus à être animées : ce lieu deviendra plus un incubateur de projets qu’un Lab’ destiné à l’animation de sessions participatives.

 

Une bonne raison de participer au Transformateur Numérique ?

Le Transformateur nous a apporté à la fois des éléments de consolidation du projet, et la richesse de regards extérieurs. Le partage d’expérience permet de prendre confiance en son projet, et la discussion nous amène à clarifier nos idées. J’ai trouvé les intervenants très pertinents, et le cadre, qui détone par rapport à ce qu’on a l’habitude de voir, est une véritable invitation à faire autrement !

J’ai embarqué dans cette aventure une équipe projet qui a choisi de relever ce challenge avec moi et je tiens à les remercier pour leur confiance. Un grand merci également à tous les contributeurs de sessions de ce Lab’Cnam Paris, à Hélène Gallais et Christian Bouché.

Préparer notre changement pour mieux accompagner nos clients dans les évolutions à venir

Entretien avec Nicolas Cauchy, directeur « Nouvelle offre digitale » chez Secafi, lauréat du Transformateur spécial « Participation »

Le cabinet d’expertise Secafi, spécialisé dans l’appui aux instances représentatives du personnel, se lance dans un projet de transformation numérique de son organisation interne et de son offre. Nicolas Cauchy, directeur « Nouvelle offre digitale » du cabinet, revient sur son passage par le Transformateur spécial « Participation des salariés à la transformation numérique des organisations », dont Secafi sort lauréat grâce au projet « Dès aujourd’hui préparons demain ».

 

Bonjour Nicolas, et merci d’accepter cette interview. Pour commencer, pouvez-vous nous donner une idée de votre parcours ?

Il y a une vingtaine d’années, j’ai commencé à travailler pour Framatome ; mon métier consistait à chercher des solutions pour maintenir l’emploi, dans des organisations qui connaissaient des restructurations. Par la suite, je me suis dirigé vers le métier que j’exerce aujourd’hui : il s’agit toujours d’être tourné vers la préservation de l’emploi, mais avec un axe supplémentaire, celui de l’appui aux instances représentatives du personnel. Mon travail comprend une dimension juridique, qui correspond à ma formation, et un angle plus économique : chez Secafi, nous prenons acte du fait que la meilleure garantie pour l’emploi des salariés, c’est une entreprise qui fonctionne bien, qui obtient de bons résultats, avec un souci de partager ces résultats à l’ensemble des salariés.

Il y a 15 ans, les problématiques des entreprises étaient assez différentes de celles que l’on connaît actuellement : les enjeux de souplesse, de polyvalence, de transformation digitale… sont devenus majeurs. Certaines organisations sont plus avant-gardistes que d’autres. Des entreprises se sont emparées rapidement de ces questions, d’autres moins. Dans ma pratique, j’essaie d’intégrer ces enjeux : il faut avoir le souci de penser ces transformations en interne pour mieux accompagner nos clients dans les changements qu’ils vivent.

 

Comment l’idée du projet « Dès aujourd’hui, préparons demain » est-elle apparue ?

Secafi a plus de trente ans d’existence, et ne vient pas d’un monde très avant-gardiste. C’est parfaitement normal : l’expertise comptable draine avec elle des problématiques liées au respect de la confidentialité des données, et à une déontologie plus générale de la démarche commerciale. Chez nous, donc, il y a des experts, des gens brillants, qui sont habitués à travailler seuls. Leur mission consiste à délivrer un rapport technique, un rapport d’expertise. Or le monde de l’entreprise change, et avec le monde de nos clients. Bien sûr, l’expertise technique est toujours sollicitée, et les IRP sont toujours soucieuses de l’amélioration des conditions de travail. Mais le contenu politique de la demande s’est amoindri, au profit d’exigences nouvelles : il faut permettre une plus grande réactivité, peut-être des rapports plus courts et mobilisables plus facilement, des supports plus divers… Dans ce cadre, nous voulions être capables de penser ensemble les changements auxquels nos clients font face et notre propre transformation. C’est pourquoi nous avons proposé un projet qui comprenait trois dimensions. L’idée était d’avancer au même rythme sur chacun des trois volets, à savoir :

  • Un premier volet adressé à nos clients, l’application AMIS – Application des élus Mieux Informés by Secafi -, un réseau social pour les représentants du personnel. Sur ce projet, nous avons été accompagnés, et nous avons pu rencontrer des clients, discuter de leurs besoins réels.
  • Un angle QVT, qui devait permettre de condenser dans une seule application tous les dispositifs qui avaient été créés jusqu’alors pour faciliter le travail des consultants, notamment du point de vue administratif.
  • Un troisième angle est méthodologique : il s’agit de mettre en place des formes de travail plus collaboratives. En réponse à un problème d’un client, on doit parfois pouvoir être capable de mobiliser plusieurs types de compétences. Pour ça, nous avons créé l’ETCC – Environnement de Travail Collaboratif et Connecté.

Le but était non seulement d’assurer une progression relativement synchrone de ces trois projets, mais aussi de les articuler.

 

Qu’est-ce qui vous a amenés à candidater au Transformateur ?

C’est un lauréat de l’année 2016 qui nous a parlé du Transformateur. Il nous accompagnait sur l’élaboration de l’application AMIS, et nous a signalé l’existence de cet appel à projet.  Et même si pour ce premier volet du projet, les choses étaient déjà bien engagées lorsque nous avons candidaté, nous ressentions le besoin de discuter des deux autres aspects du projet. Nous avions conscience de toucher des éléments sensibles, d’aller dans le dur. Certains éléments sont structurants pour les collègues, c’est là-dessus que nous avions besoin d’avancer.

Par ailleurs, passer par le Transformateur nous permet de signaler que notre projet a une valeur, c’est un gage de sérieux.

 

A ce propos, qu’est-ce que la rencontre avec les organisateurs du Transformateur Numérique et les autres porteurs de projet vous a apporté ? En quoi ces temps d’échange vous ont-ils aidé à repenser votre projet ?

Le premier apport du Transformateur, c’est qu’il est rassurant pour nous d’avoir été sélectionnés. Ce qui rassure aussi, c’est de rencontrer d’autres entreprises, d’autres personnes issues de tous horizons et qui font face à des questionnements semblables aux nôtres. Il en est ressorti, d’une part, que le projet que nous portions faisait sens, et l’idée d’articuler les trois dimensions a été validée par le groupe. Mais surtout, les autres porteurs de projet ont eu des questions pertinentes, l’échange a été vraiment fructueux pour nous. J’espère avoir eu le même rôle pour eux, parce qu’ils nous ont vraiment aidé à avancer. La manière d’organiser l’animation a été d’une efficacité redoutable : elle a permis d’identifier les nœuds et d’amorcer une réflexion qui permette de dénouer ces problèmes.

Concrètement, les pistes qui sont ressorties de ces échanges sont les suivantes : pour l’application Compagnon, nous avons décidé de suivre la recommandation de faire intervenir un sociologue qui aille interroger les équipes, pour avoir une connaissance plus fine des besoins. Aujourd’hui, avec les aménagements que nous avons apportés au dispositif, nous avons l’impression que les blocages initiaux sont en train de se lever.

Quant à l’ETCC, nous avons décidé de cibler trois chantiers prioritaires. Le premier consiste en un accompagnement en interne du projet – produire un bilan intermédiaire, mettre en avant les avantages économiques…. Le second, c’est de solliciter l’Anact pour une expertise en ergonomie sur l’aménagement de nos deux salles déjà existantes, afin de pointer ce qui fonctionne, ce qui constitue un frein, et construire un modèle de salle transposable à nos autres sites. Enfin, nous démarrons notre expérimentation avec deux coachs seulement. Cela peut paraître faible, mais avant d’augmenter le nombre de coachs, il nous faut mieux caractériser ce métier : il doit s’intégrer dans nos grilles, et être reconnu. Sur ce dernier aspect aussi, nous aurions besoin d’un accompagnement, à la fois en interne (solliciter les services RH), mais aussi d’un prestataire externe.

 

Projetez-vous, par ailleurs, de recontacter les autres porteurs de projet ?

Nous nous sommes déjà rapprochés de porteurs de projet qui avaient un besoin d’accompagnement. Par ailleurs, un grand nombre de porteurs de projets avaient l’idée de fabriquer un espace de travail. Nous avons décidé ensemble de mutualiser des temps de visite dans des espaces de travail collaboratif, afin de repérer les éléments dans ces espaces qui renvoient à une véritable créativité, et pour construire une base de références communes, qui nous offre des points de repère sur l’aménagement de ces espaces.

 

Pour finir, si un porteur de projet vous demandait de lui donner une seule et bonne raison de participer au TN, quelle serait-elle ?

La confrontation avec d’autres situations, d’autres entreprises de tous horizons, ayant des enjeux de transformation similaires, est portée par une méthode d’animation qui permet de passer les projets à la loupe et de faire aboutir des questionnements, tout en assurant l’ouverture et la bienveillance dans les remarques des autres candidats, même lorsqu’elles paraissent épineuses.


Merci à Nicolas Cauchy pour cette interview. Pour en savoir plus sur la cabinet d’expertise Secafi, consultez leur site :
www.secafi.com

Interview d’Empreinte humaine sur son projet Pulse@work

Suite à son passage dans le Transformateur, nous avons interviewé Empreinte Humaine sur l’évolution de son projet Pulse@Work.

Empreinte Humaine est un cabinet indépendant spécialisé dans la promotion de la Qualité de Vie au Travail (QVT) et la prévention des Risques Psychosociaux (RPS). Le cabinet développe une application digitale, « Pulse@work », accessible à tous, permettant une expression directe des salariés et des managers sur le climat des équipes de travail, la qualité de vie au travail, la qualité du travail et le changement. Ce projet a été sélectionné lors du 1e appel à projet du Transformateur numérique. Cette interview a été réalisée par Charles Parmentier (Anact). 

Pourquoi développer Pulse@work ?

La démocratisation du digital et des réseaux sociaux a fait exploser les possibilités d’expression directe des citoyens et des salariés. Des applications permettent aux personnes d’exprimer ce qu’ils pensent, ce qu’ils voient, ce qu’ils vivent et ce qu’ils désirent en temps réel. Cette nouvelle forme d’expression directe ne va pas s’arrêter aux murs de l’entreprise, elle y occupe même déjà un espace de plus en plus important dans celles qui ont pris ce virage de l’expression collective. Ce désir d’expression directe, couplé aux nouveaux modes de travail (nomadisme, travail en régie, télétravail, coworking) rend encore plus difficile le dialogue en face-à-face, qui demeure, disons le bien, le mode de communication le plus apprécié. Paradoxalement, on note aussi que le besoin d’expression rapide et direct des salariés d’un côté peut s’opposer au mode traditionnel de recueil des entreprises via les grandes enquêtes annuelles dont l’analyse et le retour aux salariés sont souvent très longs et qui perdent donc en pertinence. Pulse@work offrira une solution conviviale et pragmatique pour favoriser les échanges en temps réel sur le travail et la qualité de vie au travail. Son implantation permettra aux organisations de réaliser une veille continuelle. Elles pourront ainsi s’inscrire plus facilement dans une démarche de prévention primaire.

Que proposera Pulse@Work ?

Pulse@work se compose de trois expériences utilisateurs :

  • un outil de sondage rapide qui proposera une banque de questions standards et des questions sur mesure qui pourront aussi être formulées par l’entreprise ;
  • une banque de solutions qui générera et mettra à disposition de tous les acteurs, à partir des résultats aux sondages, un échantillonnage d’idées, d’actions et de points de vigilance pour améliorer la qualité de vie au travail et la qualité du travail ;
  • des communautés de partage et un réseau d’experts permettront la création de réseaux sociaux au sein des entreprises en fonction des intérêts des salariés et des managers.

Pulse@Work sera à la disposition de tous les salariés de l’entreprise (salariés, managers, etc.). Par son faible coût d’utilisation, elle donnera accès aux PE et PME à un outil simple, efficient et convivial.

Qu’est-ce que le transformateur numérique vous a apporté ?

Pour Empreinte Humaine, le transformateur numérique a été l’occasion de partager son projet Pulse@Work avec d’autres créateurs et aussi des spécialistes des enjeux numériques dans le monde du travail. La méthodologie a permis de pousser plus loin le caractère innovant du projet et d’explorer des avenues nouvelles tout autant sur le développement du produit que sur sa mise en marché. Le contexte convivial et de confiance a permis de nombreux partages d’idées généreux. La collaboration avec l’ANACT se poursuit et aide le développement de Pulse@work.

Interview de l’association Talkie au sujet du « Concerteur »

Interview de l’association Talkie au sujet de son projet Le Concerteur, quelques mois après leur passage dans le Transformateur.

L’association TALKIE est un collectif de designer indépendants qui souhaite développer un dispositif original, le « concerteur », pour améliorer la communication et les échanges entre les différents acteurs d’une entreprise. Le projet a été choisi lors du 1e appel à projet du Transformateur. Cette interview a été réalisée par Charles Parmentier (Anact).

Pourquoi avoir imaginé le concerteur ?

Après différentes immersions dans le monde de l’entreprise, nous avons constaté un point de tension important entre ce qui se construit en haut et ce qu’on vit en bas ! C’est à dire, un manque de circulation de l’information et des idées conduisant à un sentiment d’isolement, de désengagement et d’impuissance de la part des collaborateurs.

Quel est l’objectif et quel est le principe du concerteur ?

L’objectif est de renouveler les modes de communication et d’échanges dans l’entreprise par l’introduction d’un tiers non-humain (une machine), qui rend les prises de paroles anonymes et facilite leur diffusion.

Comment fonctionne le concerteur ?

Une question est formulée et affichée sur chaque Concerteur. Les participants envoient, au fil de l’eau, leurs réponses par SMS. Régulièrement (par exemple de façon hebdomadaire ou lors de réunions), une chronique sonore est diffusée à partir de la vocalisation des messages envoyés. À ce mode de restitution s’ajoute la possibilité d’imprimer de brèves synthèses papier qui offrent une visualisation de l’avancement de la concertation

Dans quel cadre peut-il être utilisé ?

Le Concerteur s’adresse à toute organisation désireuse de donner la parole à ses membres afin de récolter leurs points de vue On peut imaginer qu’il soit utilisé dans une phase de diagnostic pour mieux comprendre un problème, qu’il serve de support pour mettre en place des espaces de discussion ou encore dans une démarche QVT pour accompagner et améliorer la mise en place de nouveaux dispositifs ou processus de travail. Il pourrait aussi servir à recueillir au fur et à mesure les ressentis et les points de vue de personnes qui sont éloignées géographiquement, pour préparer un échange ou une réunion collective.

 

Carewan créé une communauté de managers inter-entreprises

Interview de Pauline Rochart, consultante, et Christian Darvogne, président de Carewan, suite à la sélection de leur projet pour la 2e phase du Transformateur numérique.

Article initialement publié sur le site de l’Anact.

Carewan fait partie des 3 lauréats et a participé à la première session d’accélération du Transformateur Numérique les 8 et 9 décembre derniers. Interview avec Pauline Rochart consultante, et Christian Darvogne, Président de Carewan.  

Pouvez-vous nous présenter votre entreprise en quelques mots ?

Carwan est une entreprise de conseil et de coaching de 80 collaborateurs. Notre métier est de créer les conditions de la confiance pour y puiser les ressources nécessaires à la performance durable des organisations. L’humain est au cœur de toute stratégie de développement. Nous accompagnons des entreprises de taille intermédiaire (ETI), c’est à dire avec des effectifs compris entre 250 et 4 999 collaborateurs, dans tous les secteurs d’activités depuis plusieurs années.

Pourquoi avez-vous postulé au Transformateur numérique ?

La transformation numérique est au coeur de nos sociétés elle est un véritable enjeu pour les entreprises. Le premier baromètre de la maturité digitale des ETI françaises a été mené en 2016 par Ernst&Young et Apax Partners. D’après ce baromètre, plus d’un tiers des ETI ne se sentent pas préparées aux enjeux du digital et 70% n’ont pas mis en place de formation pour leurs salariés. Le digital est avant tout perçu comme un moyen d’améliorer la relation client mais il n’est pas perçu comme un vecteur managérial.
Nous avons souhaité proposer notre expertise. Nous sommes convaincus que la transformation numérique est une opportunité de remise en question des pratiques managériales. C’est dans cet objectif que nous avons postulé au Transformateur Numérique pour sensibiliser et animer les ETI sur le volet humain d’une transformation numérique.

Quels sont les enjeux ?

L’enjeu est d’utiliser la qualité de vie au travail comme un levier dans la transformation numérique. Nous avons constaté que les ETI percevaient le numérique en premier lieu comme un moyen d’améliorer l’expérience client. Or, comme le démontre la théorie de la symétrie des attentions, il est aussi important de se préoccuper de « l’expérience collaborateur », à savoir de l’impact du numérique sur les modes de travails. Aujourd’hui, les ETI n’ont pas les mêmes outils et ressources que les grandes entreprises.
Les ETI nous ont confirmé leurs besoins d’échanger entre pairs et de s’inspirer des pratiques menées par des entreprises qui leur ressemblent et qui partagent leurs contraintes. C’est une opportunité de dresser un panorama de l’impact du digital sur les modes de travail et de management.

Quels sont les objectifs du projet e-TI?

L’objectif du projet est de créer une communauté de managers inter-entreprises basée sur les principes de collaboration et d’ouverture. L’idée est de co-construire et partager des repères clés ainsi que des outils concrets pour qu’ils puissent accompagner au mieux leurs équipes dans les transitions numériques.
De mars à fin avril, nous allons interroger des managers d’ETI afin d’identifier leurs besoins concrets en matière d’accompagnement.
Puis, nous proposerons des ateliers de travail « workshops » pour échanger sur des études de cas concrets, expérimenter des pratiques collaboratives (co-développement, idéation…) et bénéficier d’apports d’experts.

Un cycle de 4 workshops sera organisé de juin à novembre autour de 4 axes :

  • Comment concilier vie professionnelle- vie personnelle à l’ère du numérique ? (infobésité, droit à la déconnexion)
  • Comment organiser et réussir le déploiement du télétravail (management à distance) ? Et comment revoir ses pratiques de management en conséquence ?
  • Quelles sont les nouvelles pratiques de formation induites par le digital (Mooc, mobile learning) ?
  • Comment mieux faire collaborer les différentes générations et animer « l’intergénérationnel » en entreprise ? (ex : reverse mentoring)

A l’issue de ce cycle, Carewan publiera un livre blanc sous un format innovant afin de capitaliser sur les productions et apprentissages de la communauté.

Qu’est ce que le Transformateur numérique a apporté à votre projet ?

Le transformateur a surtout permis de mieux organiser le projet afin d’y faire des ajustements. Nous avons trouvé très intéressant la logique collaborative avec les autres acteurs ; se questionner ensemble, se challenger et voir la complémentarité des projets.

Retour sur le projet Novial 3.0

Interview avec Gaël Peslerbe et Michel Muselet du pôle développement offre commerciale et marketing chez Novial, après son passage dans le Transformateur numérique.

Article initialement publié sur le site de l’Anact

Interview avec Gaël Peslerbe et Michel Muselet du pôle développement offre commerciale et marketing chez Novial. Novial, entreprise qui distribue des produits de nutrition animale d’origine française, fait partie des 4 projets finalistes et a participé à la première session d’accélération les 8 et 9 décembre derniers.

Pouvez-vous nous présenter votre structure en quelques mots ?

Novial est un maillon essentiel dans les fermes d’élevage mais la valeur ajoutée pour ce métier est faible et peu rentable. Ce secteur est confronté à une forte pénibilité, aux risques psychosociaux, à l’isolement etc.

Pourquoi avez-vous postulé au Transformateur numérique ?

Nous sommes partis du constat suivant : les technologies sont de plus en plus présentes chez nos clients et les attentes évoluent rapidement. Face à la concurrence, nous devons créer de la valeur ajoutée et mieux conseiller. Il est désormais obligatoire d’améliorer les conditions de travail et la qualité de vie au travail grâce aux nouvelles technologies.

Quels sont les objectifs du projet ?

Nous souhaitons intégrer le numérique et transformer nos modes de fonctionnement pour mieux travailler l’information et la rendre plus efficace. Il s’agit d’utiliser le numérique à bon escient pour mieux piloter, moderniser les process et valoriser le travail des collaborateurs. Le travail est transformé en tâches utiles et profitables à l’entreprise, avec une plus forte valeur ajoutée. L’intérêt du numérique est réel dans le quotidien des salariés en termes de formations, de qualité de vie au travail (QVT) et de pérennité de leur travail.

Cette transformation numérique permet de remodeler notre organisation interne et de nous donner de nouveaux outils de pilotage de notre relation client ; installation de capteurs, d’équipement informatique (ordinateurs, tablettes, logiciels), mise en place d’une plateforme d’analyse de données d’un réseau social d’entreprise en vue de l’optimisation de la communication entre services (commercial, commande, fabrication, logistique), de l’aménagement en pénibilité de certains postes et d’améliorer les services prodigués en clientèle.

Quels sont les enjeux ?

L’enjeu principal est de faire évoluer le modèle économique de l’entreprise. Ces transformations vont impliquer des changements d’approches dans l’appréhension des éleveurs, de leurs exploitations, de l’entreprise, de nos collaborateurs ; il faudra que chacun acquiert de nouvelles compétences.

Le deuxième enjeu est collaboratif. Le projet va être mené de manière participative avec les salariés pour permettre une meilleure implication. Nous éviterons ainsi les éventuels freins, les problèmes d’appropriation des outils et le manque de visibilité sur la réorganisation interne induite par ces changements. Un programme d’animation spécifique sera lancé pour permettre de discuter avec les équipes du choix des outils, des modalités d’appropriation, de l’évolution des pratiques métier, des nouvelles opportunités comme des éventuels risques. C’est la première fois que nous travaillons de cette manière. Chaque collaborateur pourra ainsi faire remonter ses idées, les partager et communiquer ses besoins et ses attentes.

Qu’est ce que le Transformateur a apporté à votre projet ?

A l’origine, notre projet répondait à une demande client. Nous souhaitions nous équiper d’outils numériques pour simplifier le travail et mieux paramétrer les besoins de nos clients. Cela représentait 40% de notre activité. Finalement le travail du Transformateur Numérique nous a permis d’adopter une vision transversale de notre activité et d’aller au-delà du besoin client. Le projet ne touche plus seulement la partie commerciale mais s’étend aussi aux autres champs d’action : l’industrie, la logistique, l’administratif et les éleveurs. Des groupes de travail composés d’un pilote, d’un expert, d’un adepte du numérique et d’un témoin ont été constitués pour chaque champ d’action évoqué.

Le Transformateur Numérique nous permet de suivre une méthode et de mettre en place des actions. Cet accompagnement dans nos évolutions technologiques permet un niveau de performance plus élevée et respectueuse de notre environnement tout en favorisant une meilleure qualité de vie au travail.

 

Interview de Murielle Moujeard, responsable du projet Act’Eure pour l’emploi

Murielle Moujeard, responsable du projet EVA au sein du collectif d’associations « Act’Eure pour l’emploi », revient sur leur participation au premier cycle du Transformateur Numérique.

Le collectif d’associations « Act’Eure pour l’emploi », finaliste du premier cycle du Transformateur Numérique, a participé à la première session d’accélération les 8 et 9 décembre derniers. Interview avec Murielle Moujeard, directrice du CIBC de l’Eure, responsable du projet au sein de ce collectif.

Pouvez-vous nous présenter votre structure en quelques mots ?

Act’Eure est un collectif d’associations qui interviennent sur les champs de l’emploi et de la formation, notamment auprès de personnes allocataires du RSA. Le collectif représente 80% des structures d’insertion par l’activité économique du territoire, il a donc un poids à l’échelle départementale.

Pourquoi avez-vous postulé au Transformateur numérique ?

Nous sommes partis du constat d’une difficulté à suivre et valoriser le parcours des personnes entre nos différentes structures. Chaque personne a le sentiment de repartir de zéro lors d’un changement de structure, de devoir à nouveau raconter sa situation… Dans le cadre du collectif, nous nous sommes donc interrogés sur les moyens à mettre en place pour favoriser le partage des informations.

Nous avons travaillé sur un référentiel commun, puis sur la création d’un outil de diagnostic partagé de la situation socioprofessionnelle (mobilité, santé, compétences génériques, ressources…). Le projet s’est développé sur le plan pédagogique, avec la mise en place de formations pour garantir une utilisation homogène de la part des conseillers et encourager les échanges sur les pratiques professionnelles. Mais il était important pour nous de procéder à la transformation numérique de l’outil de façon à analyser les données recueillies pour améliorer notre offre d’insertion. Nous nous étions concentrés uniquement sur l’aspect humain ; c’est pourquoi participer au transformateur numérique était une réelle opportunité.

Quels sont les objectifs du projet ?

L’objectif du projet est de numériser notre méthode de diagnostic partagé disponible sur l’ensemble du territoire entre les personnes en insertion et les accompagnateurs. Il s’agit d’améliorer conjointement le bien-être social des personnes en parcours d’insertion socioprofessionnelle et la qualité de vie au travail de leurs accompagnateurs, par la transformation numérique d’une méthode de diagnostic existante. Le dispositif touche à la fois les conseillers de structures, les personnes accompagnées et les acteurs du territoire (partenaires, financeurs). L’idée est de créer une véritable communauté de conseillers en insertion : moins de solitude et d’isolement face aux problématiques, partage de solutions, plus de soutien avec la notion d’équipe et une pratique plus homogène dans la relation aux bénéficiaires.

Nous souhaitons au final :

  • renforcer le pouvoir d’action de tous,
  • rompre l’isolement pour tous,
  • partager des valeurs, des principes d’actions, des objectifs communs au-delà de l’information.

Quels sont les enjeux ?

Le contexte économique des associations en faveur de l’emploi est compliqué avec un nombre croissant d’allocataires du RSA chaque année. Les collectivités sont aujourd’hui dans une logique de mise en concurrence ; elles nous incitent à chercher des fonds privés, à mettre en place des partenariats dans un objectif de rentabilité et d’innovation. Cet outil va nous permettre de valoriser nos actions, les structures qui œuvrent au quotidien et notre capacité à innover.

L’enjeu pédagogique du projet est de développer le pouvoir d’action de nos bénéficiaires, mais aussi d’outiller les conseillers pour permettre cette évolution : EVA est un outil de diagnostic partagé, mais aussi une méthode qui nous permet de renforcer notre posture professionnelle mettant véritablement  la personne au cœur de son parcours.

Qu’est ce que le Transformateur a apporté à votre projet ?

Tout d’abord, au sein du collectif, le fait de participer à cette session d’accélération a boosté notre motivation et a permis de mieux structurer le projet avec des dates butoirs et des points d’avancement. Le transformateur numérique nous a fait avancer dans notre réflexion. La qualité de vie au travail des collaborateurs n’était pas le premier objectif du projet, nous étions centrés sur les aspects pédagogiques uniquement. Nous avions du mal à percevoir l’aspect numérique du projet. Les échanges avec les experts nous ont permis de penser l’introduction du numérique en préservant les principes d’actions souhaités par notre association ; l’outil numérique ne sera pas seulement un vecteur d’information, mais un espace collaboratif pour les professionnels et les usagers.

Il y a eu un réel partage de pratiques et de synergie des acteurs pendant les 2 jours ; un autre acteur « Daytripper » pourrait peut-être nous accompagner sur le déploiement numérique.

Enfin, le transformateur numérique nous permet d‘acquérir des connaissances et compétences sur la transformation numérique de notre méthode, pour éventuellement mettre les moyens de l’engager.

Quelles sont les prochaines étapes à venir ?

Nous allons mettre en place un groupe de travail pour la réalisation du cahier des charges technique. Nous souhaitons également mener un travail collectif pour mesurer l’impact sur les pratiques et sur la QVT des professionnels en lien avec la transformation du rapport aux usagers, aux pairs, et au collectif des structures d’intervention professionnelle. Nous travaillons en lien avec le Conseil Départemental pour que cette démarche trouve son utilité sociale sur l’ensemble du territoire. Nous pensons que cela nous fait gagner en légitimité auprès de cet acteur majeur de la politique sociale.

Cette interview a été initialement publiée sur le site de l’Anact.

Vers un « campus numérique » au service de la QVT dans la Coopérative d’Activité et d’Emploi

Interview de Charlotte Dudignac (Coopérer pour entreprendre) par Vincent Mandinaud (ANACT), suite à son passage dans la 1e session du Transformateur numérique.

Qui est Coopérer pour Entreprendre ?

Coopérer pour entreprendre est le premier réseau national des coopératives d’activités d’emploi (CAE), avec 74 coopératives sur l’ensemble du territoire national, et 7000 à 8000 entrepreneurs présents en permanence. Ces CAE se présentent comme une forme contemporaine de l’évolution du salariat et de la progression du travail indépendant, qui apportent une réponse désirable aux transformations du travail : refaire solidarité via des organisations plus collectives, un statut juridique sécurisant…. Après 20 d’expérimentations, les CAE ont été reconnues par la loi de juillet 2014, mise en œuvre depuis janvier 2016. Les pratiques ont fait leurs preuves, sans pour autant être pleinement portées politiquement, et véritablement sécurisées d’un point de vue économique ; une tendance renforcée par la baisse des financements publics et l’entrée en vigueur de la loi NOTRe.

En quoi la transition numérique est-elle un enjeu stratégique ?

C’est dans ce contexte de changement que la question numérique se pose pour Coopérer pour entreprendre, avec le souhait de mettre en œuvre une transition dans notre organisation, tout en soutenant le droit à entreprendre dans de bonnes conditions (ancrage territorial et mixité des financements) et en affirmant nos valeurs de solidarité (entreprendre dans de bonnes conditions est un droit pour tous). Nous avons tout d’abord élaboré une première feuille de route de notre stratégie numérique, qui prend en compte de nombreuses dimensions : la production, les services, les savoirs, la gouvernance, la communication, la culture… Sur cette base, le Fond pour l’Amélioration des Conditions de Travail, obtenu en juin 2016, nous a permis de poser un jalon central en soutenant l’expédition Gestion Radieuses menée actuellement par le cabinet Plausible Possible, avec comme visée de simplifier les relations administratives en CAE.

Quelle forme et quel rôle pour un « campus numérique » ?

Dirigeants comme équipe d’appui en conviennent : rares sont ceux qui ont aujourd’hui le sentiment de maitriser le numérique, tout en s’accordant sur le fait la digitalisation de l’entrepreneuriat leur impose de reprendre la main sur les compétences pour éviter une nouvelle fracture entrepreneuriale. Restait à savoir comment faire ? C’est là qu’émerge le « Campus » : un projet et une démarche de conduite du changement pratiques, à petits pas ! L’idée du Campus, c’est de soutenir le développement d’une culture d’usages en outillant les entrepreneurs, c’est-à-dire en les réunissant dans un espace numérique autour de problématiques de leur quotidien, dans une visée de résolution de problèmes. Sur le campus, on pourrait par exemple obtenir des réponses des autres membres sur les services de signature numérique, sur la protection de ses datas professionnelles… Le Campus nous permettrait également d’identifier des personnes ressources dans le réseau et les mobiliser comme « transformers » internes plutôt que de miser sur une digitalisation par le haut.

En quoi votre passage par le transformateur vous a-t-il été utile ?

Pour nous, ces sessions sont tombées à point nommé. Elles ont été l’occasion de consolider un projet à peine ébauché. Cette démarche nécessite des moyens pour permettre un véritable accompagnement, une l’animation de communauté digne de ce nom, de la recherche-action, de la capitalisation et du transfert de pratiques et de savoir-faire. A nous de trouver les bons partenaires pour poursuivre notre réflexion et probablement nous placer dans une configuration d’innovation agile.

Ces sessions nous ont surtout fait prendre conscience de la nécessité de faire de la QVT un axe beaucoup plus central de notre réflexion stratégique. Jusqu’alors, la qualité de vie au travail en CAE allait de soi, la quête d’un « mieux vivre » est l’une des premières motivations des entrepreneurs à nous rejoindre. Pour autant, la question de savoir de quelle manière les CAE impactent la QVT reste entière. Limitent-elles les risques ou contribuent-elles au contraire à en créer de nouveaux ? Les pratiques collaboratives, aujourd’hui parées de toutes les vertus, peuvent-elles conduire à de nouveaux risques ? Quelles tensions spécifiques la cohabitation entre personnes de statuts différents (entrepreneurs, équipes d’appui) peut-elle générer ? Non seulement nous ne pouvons pas nous soustraire à ces interrogations mais surtout, nous disposons d’un incroyable terrain d’exploration autour de la question de la QVT des travailleurs indépendants, qui n’a jamais été abordée en tant que telle, et pourrait s’avérer plus que nécessaire pour les années à venir .
Le Campus numérique pourrait se doter d’une nouvelle fonction de laboratoire de la QVT pour pouvoir régulièrement, en partenariat, se projeter comme un terrain d’expérimentation, d’analyse de pratiques, réaliser des études, tester des façons de faire, etc.

Et la suite ?

Nous allons dans les prochaines semaines lancer un chantier numérique important autour d’une communauté interne élargie (entrepreneurs inclus). Cet outillage est le socle technique de base pour « horizontaliser » notre organisation, renforcer les relations entre « pairs » et nous poser en condition de devenir une très belle communauté apprenante.

En parallèle, nous allons poursuivre nos démarches exploratoires autour de la QVT chez les entrepreneurs, et pourquoi pas contribuer à faire « dégonfler » le discours ambiant et moralisateur du collaboratif, qui somme toute, reste assez peu coopératif … Pour y parvenir, ces réflexions ne doivent pas être produites hors sol, mais être co-construites avec le terrain, et en premier lieu avec les dirigeants, qui sont à la fois objet et sujet de la QVT.
Nous organisons donc une journée professionnelle sur le sujet au mois de juin auprès des dirigeants de notre réseau, en partenariat avec l’ARACT Ile de France. Cette journée pourrait se poursuivre par une expérience pilote approfondie dont les résultats, publiés, pourraient donner lieu à quelque chose de récurrent autour des liens entre pratiques collaboratives et RPS.

Le champ est ouvert !