Préparer notre changement pour mieux accompagner nos clients dans les évolutions à venir

Entretien avec Nicolas Cauchy, directeur « Nouvelle offre digitale » chez Secafi, lauréat du Transformateur spécial « Participation »

Le cabinet d’expertise Secafi, spécialisé dans l’appui aux instances représentatives du personnel, se lance dans un projet de transformation numérique de son organisation interne et de son offre. Nicolas Cauchy, directeur « Nouvelle offre digitale » du cabinet, revient sur son passage par le Transformateur spécial « Participation des salariés à la transformation numérique des organisations », dont Secafi sort lauréat grâce au projet « Dès aujourd’hui préparons demain ».

 

Bonjour Nicolas, et merci d’accepter cette interview. Pour commencer, pouvez-vous nous donner une idée de votre parcours ?

Il y a une vingtaine d’années, j’ai commencé à travailler pour Framatome ; mon métier consistait à chercher des solutions pour maintenir l’emploi, dans des organisations qui connaissaient des restructurations. Par la suite, je me suis dirigé vers le métier que j’exerce aujourd’hui : il s’agit toujours d’être tourné vers la préservation de l’emploi, mais avec un axe supplémentaire, celui de l’appui aux instances représentatives du personnel. Mon travail comprend une dimension juridique, qui correspond à ma formation, et un angle plus économique : chez Secafi, nous prenons acte du fait que la meilleure garantie pour l’emploi des salariés, c’est une entreprise qui fonctionne bien, qui obtient de bons résultats, avec un souci de partager ces résultats à l’ensemble des salariés.

Il y a 15 ans, les problématiques des entreprises étaient assez différentes de celles que l’on connaît actuellement : les enjeux de souplesse, de polyvalence, de transformation digitale… sont devenus majeurs. Certaines organisations sont plus avant-gardistes que d’autres. Des entreprises se sont emparées rapidement de ces questions, d’autres moins. Dans ma pratique, j’essaie d’intégrer ces enjeux : il faut avoir le souci de penser ces transformations en interne pour mieux accompagner nos clients dans les changements qu’ils vivent.

 

Comment l’idée du projet « Dès aujourd’hui, préparons demain » est-elle apparue ?

Secafi a plus de trente ans d’existence, et ne vient pas d’un monde très avant-gardiste. C’est parfaitement normal : l’expertise comptable draine avec elle des problématiques liées au respect de la confidentialité des données, et à une déontologie plus générale de la démarche commerciale. Chez nous, donc, il y a des experts, des gens brillants, qui sont habitués à travailler seuls. Leur mission consiste à délivrer un rapport technique, un rapport d’expertise. Or le monde de l’entreprise change, et avec le monde de nos clients. Bien sûr, l’expertise technique est toujours sollicitée, et les IRP sont toujours soucieuses de l’amélioration des conditions de travail. Mais le contenu politique de la demande s’est amoindri, au profit d’exigences nouvelles : il faut permettre une plus grande réactivité, peut-être des rapports plus courts et mobilisables plus facilement, des supports plus divers… Dans ce cadre, nous voulions être capables de penser ensemble les changements auxquels nos clients font face et notre propre transformation. C’est pourquoi nous avons proposé un projet qui comprenait trois dimensions. L’idée était d’avancer au même rythme sur chacun des trois volets, à savoir :

  • Un premier volet adressé à nos clients, l’application AMIS – Application des élus Mieux Informés by Secafi -, un réseau social pour les représentants du personnel. Sur ce projet, nous avons été accompagnés, et nous avons pu rencontrer des clients, discuter de leurs besoins réels.
  • Un angle QVT, qui devait permettre de condenser dans une seule application tous les dispositifs qui avaient été créés jusqu’alors pour faciliter le travail des consultants, notamment du point de vue administratif.
  • Un troisième angle est méthodologique : il s’agit de mettre en place des formes de travail plus collaboratives. En réponse à un problème d’un client, on doit parfois pouvoir être capable de mobiliser plusieurs types de compétences. Pour ça, nous avons créé l’ETCC – Environnement de Travail Collaboratif et Connecté.

Le but était non seulement d’assurer une progression relativement synchrone de ces trois projets, mais aussi de les articuler.

 

Qu’est-ce qui vous a amenés à candidater au Transformateur ?

C’est un lauréat de l’année 2016 qui nous a parlé du Transformateur. Il nous accompagnait sur l’élaboration de l’application AMIS, et nous a signalé l’existence de cet appel à projet.  Et même si pour ce premier volet du projet, les choses étaient déjà bien engagées lorsque nous avons candidaté, nous ressentions le besoin de discuter des deux autres aspects du projet. Nous avions conscience de toucher des éléments sensibles, d’aller dans le dur. Certains éléments sont structurants pour les collègues, c’est là-dessus que nous avions besoin d’avancer.

Par ailleurs, passer par le Transformateur nous permet de signaler que notre projet a une valeur, c’est un gage de sérieux.

 

A ce propos, qu’est-ce que la rencontre avec les organisateurs du Transformateur Numérique et les autres porteurs de projet vous a apporté ? En quoi ces temps d’échange vous ont-ils aidé à repenser votre projet ?

Le premier apport du Transformateur, c’est qu’il est rassurant pour nous d’avoir été sélectionnés. Ce qui rassure aussi, c’est de rencontrer d’autres entreprises, d’autres personnes issues de tous horizons et qui font face à des questionnements semblables aux nôtres. Il en est ressorti, d’une part, que le projet que nous portions faisait sens, et l’idée d’articuler les trois dimensions a été validée par le groupe. Mais surtout, les autres porteurs de projet ont eu des questions pertinentes, l’échange a été vraiment fructueux pour nous. J’espère avoir eu le même rôle pour eux, parce qu’ils nous ont vraiment aidé à avancer. La manière d’organiser l’animation a été d’une efficacité redoutable : elle a permis d’identifier les nœuds et d’amorcer une réflexion qui permette de dénouer ces problèmes.

Concrètement, les pistes qui sont ressorties de ces échanges sont les suivantes : pour l’application Compagnon, nous avons décidé de suivre la recommandation de faire intervenir un sociologue qui aille interroger les équipes, pour avoir une connaissance plus fine des besoins. Aujourd’hui, avec les aménagements que nous avons apportés au dispositif, nous avons l’impression que les blocages initiaux sont en train de se lever.

Quant à l’ETCC, nous avons décidé de cibler trois chantiers prioritaires. Le premier consiste en un accompagnement en interne du projet – produire un bilan intermédiaire, mettre en avant les avantages économiques…. Le second, c’est de solliciter l’Anact pour une expertise en ergonomie sur l’aménagement de nos deux salles déjà existantes, afin de pointer ce qui fonctionne, ce qui constitue un frein, et construire un modèle de salle transposable à nos autres sites. Enfin, nous démarrons notre expérimentation avec deux coachs seulement. Cela peut paraître faible, mais avant d’augmenter le nombre de coachs, il nous faut mieux caractériser ce métier : il doit s’intégrer dans nos grilles, et être reconnu. Sur ce dernier aspect aussi, nous aurions besoin d’un accompagnement, à la fois en interne (solliciter les services RH), mais aussi d’un prestataire externe.

 

Projetez-vous, par ailleurs, de recontacter les autres porteurs de projet ?

Nous nous sommes déjà rapprochés de porteurs de projet qui avaient un besoin d’accompagnement. Par ailleurs, un grand nombre de porteurs de projets avaient l’idée de fabriquer un espace de travail. Nous avons décidé ensemble de mutualiser des temps de visite dans des espaces de travail collaboratif, afin de repérer les éléments dans ces espaces qui renvoient à une véritable créativité, et pour construire une base de références communes, qui nous offre des points de repère sur l’aménagement de ces espaces.

 

Pour finir, si un porteur de projet vous demandait de lui donner une seule et bonne raison de participer au TN, quelle serait-elle ?

La confrontation avec d’autres situations, d’autres entreprises de tous horizons, ayant des enjeux de transformation similaires, est portée par une méthode d’animation qui permet de passer les projets à la loupe et de faire aboutir des questionnements, tout en assurant l’ouverture et la bienveillance dans les remarques des autres candidats, même lorsqu’elles paraissent épineuses.


Merci à Nicolas Cauchy pour cette interview. Pour en savoir plus sur la cabinet d’expertise Secafi, consultez leur site :
www.secafi.com