Le numérique et la transformation culturelle des organisations

La transformation digitale des entreprises n’est pas seulement affaire de technique ou d’outils, elle est aussi un ensemble de pratiques, comme nous le montrent certains projets du Transformateur.

La transformation digitale des entreprises n’est pas seulement affaire de technique ou d’outils. Elle est aussi un ensemble de pratiques, qui, au fil du temps, constituent un ferment culturel propre à un groupe d’individus usagers.

La culture digitale ne s’impose pas ex nihilo, elle se construit. Si les valeurs, les représentations des concepteurs des systèmes techniques sont importantes dans la nature des outils qu’ils créent (voir à ce propos les 7 leviers du numérique formulés par la Fing), elles peuvent être aussi largement détournées, dévoyées par les usages réels.

Parmi les projets sélectionnés lors de la 1e session du Transformateur, plusieurs d’entre eux prenaient à bras le corps la question de la transformation culturelle des entreprises : comment autour de pratiques du numérique forger une culture au sein de communautés métier ? Comment diffuser les innovations d’usages ? Comment construire des visions stratégiques dans des contextes en forte évolution ?

Retour sur ces projets

Novial

Novial, une entreprise leader de l’agroalimentaire animal, située en Haut de France, a lancé un ambitieux chantier de digitalisation des chaînes de production et de diffusion des produits alimentaires. Cela se traduit par l’insertion de capteurs dans les entrepôts et chez les producteurs-partenaires ; par l’équipement numérique mobile des collaborateurs et transporteurs ; par la mise en place de réseaux informatiques reliant l’entreprise, ses partenaires et ses clients ; par l’aménagement des postes pour lutter contre la pénibilité ; par le développement d’analyses big data pour une prédictibilité des commandes et de la production, etc.
Le changement sur les pratiques de travail va en conséquence être profond et nécessitera beaucoup d’adaptabilité, et de formation.
Pour y faire face, et éviter de laisser des collaborateurs sur le bord de la route, l’entreprise Novial a décidé de lancer un programme d’animation spécifique : une sorte de « grand dialogue interne » permettant de discuter avec les équipes, du choix des outils, des modalités d’appropriation, de l’évolution des pratiques métier, des nouvelles opportunités comme des nouveaux risques. Des groupes de travail, situés dans chacun des départements (logistique, administratif, commercial, éleveurs, industriel) devront accompagner les équipes et formuler à terme un projet, tenant compte des attentes et des idées des collaborateurs.

Carewan

Carewan, une entreprise de conseils et coaching spécialisée dans l’accompagnement humain des transformations des organisations, située à Paris, a, elle, fait le choix d’accompagner les entreprises intermédiaires dans la transformation digitale. D’une part car les ETI ont peu de temps et de disponibilité pour anticiper les impacts du numérique. D’autre part car les réponses en la matière sont loin d’être formulées et acquises.
En s’éloignant de ses actions habituelles de conseil, Carewan fait le choix d’animer une communauté de partenaires, – communautés apprenantes – afin de co-construire et de partager des repères clés pour accompagner la transition numérique du travail.
Parmi les thèmes envisagés : le droit à la déconnexion et la conciliation des temps de vie, le travail à distance et le renouvellement des pratiques managériales, l’évolution de la formation et la reconnaissance des pratiques d’auto-formation.

Chorège

Le cabinet Chorège, basé à Lyon et spécialisé dans l’accompagnement des acteurs du monde industriel, a monté un projet, en lien avec ARAVIS, cherchant à enrichir les dynamiques d’industrie du futur d’approches « facteur humain ». Ce projet – par essence collaboratif, associant des PME, des branches professionnelles, des pôles de compétitivité, des laboratoires de recherche – identifiera les impacts positifs et négatifs sur la santé et la qualité de vie au travail liés aux solutions « Industrie du Futur ». Ces analyses serviront à construire des visions stratégiques, et à décliner, derrière, des politiques d’entreprises.

Fréquence Écoles

Co-fondatrice de l’association Fréquence Ecoles, Pauline Reboul a élaboré un projet de recherche et développement cherchant à favoriser l’innovation pédagogique. Deux constats à la base : d’un côté des équipes pédagogiques contraintes de passer au numérique sans savoir comment ; de l’autre quelques enseignants « innovateurs » mais le plus souvent isolés. Le projet entend analyser les conditions d’appropriation des pratiques éducatives innovantes. Il expérimentera des modalités de diffusion et d’apprentissage réciproque, en s’appuyant sur la culture de l’ouverture (open), et des communs (biens communs numériques).

 

Ces projets explorent, chacun à leur façon, une manière de forger une culture commune au sein de groupes plus ou moins élargis,. Cette culture est aussi bien technique, liée à l’usage et la compréhension des outils ; qu’organisationnelle c’est-à-dire liée au fonctionnement des organisations et à l’histoire qui se noue entre les collaborateurs. Ces projets montrent que cela peut se construire dans le dialogue / dans l’échange de pratiques / dans l’élaboration collective de visions stratégiques. Nous continuerons à suivre ces 4 projets, pour en partager les enseignements.
A suivre !